L’Afrique comme ultime frontière ? Un continent de retour sur l’avant-scène, ancien et nouvel objet de fantasme du millénaire naissant, depuis la Chine jusqu’à l’Occident. Territoire méconnu, propice à l’élaboration de mythologies postmodernes, dignes des tribulations de notre monde en crise et aptes à repousser l’illusion d’un monde fini, véhiculée par des médias de masse globalisés et délétères.
En 2000, à l’aube du nouveau millénaire, le président sud-africain Thabo Mbeki affirme que « le XXIe siècle sera celui de l’Afrique ». Si d’aucuns qualifieraient cette prédiction d’optimiste, au regard des défis qui pavent la voie du continent vers son avenir, celui-ci ne s’en trouve pas moins riche de promesses et de créativité. Ce que proclame, depuis plusieurs décennies, l’afrofuturisme, un courant littéraire et artistique, porté par le jazz, la mode, la musique funk et le hip hop, à l’intersection des cultures africaines et afro-américaines, sur fond de science-fiction, d’esthétique new age bigarrée et de visions animistes.
Originaire de Nairobi, la capitale du Kenya, Osborne Macharia expose cette même Afrique, optimiste et tournée vers le futur, au travers de sa production autodidacte, retouchée et amplifiée par le numérique ; loin des clichés rebattus, mais néanmoins connectée avec l’héritage et les traditions de la vallée du Grand Rift, souvent désignée comme le « berceau de l’humanité ». Commissionné par les plus grandes marques internationales pour leurs campagnes de communication, le photographe n’en perd pas pour autant de vue les problèmes sociaux de son pays, qu’il continue à mettre en scène dans des séries à la fois cyberpunks, futuristes et rétros, en dénonçant les inégalités et le sexisme, les discriminations contre les enfants des rues ou les personnes âgées.
Et quelque part, au coeur d’un village de brousse ou d’une mégapole saturée, un groupe d’adolescents invente déjà un nouveau monde qui ressemble à ses images.