« Giant Robot » Asie, pop culture & au-delà !

Collectif Mutation
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Fondé en 1994 à Los Angeles par Eric Nakamura et Martin Wong, Giant Robot est d’abord apparu sous la forme d’un fanzine photocopié en noir et blanc, autour de leur passion commune pour la musique punk et la pop culture asiatique ; deux sujets alors minoritaires, sinon dénigrés dans le paysage médiatique, bien avant la démocratisation de l’Internet.

La publication a par la suite évolué pour prendre la forme d’un magazine haut en couleurs, recentré sur l’Asie, la culture de ses diasporas et leurs mutations, traitant de sujets aussi variés que l’art contemporain et le design, le cinéma, les jeux vidéo, les arts martiaux et le skateboard, jusqu’à la gastronomie et l’érotisme, voire la pornographie la plus crue.

Giant Robot s’est rapidement trouvé à l’avant-garde d’une dynamique culturelle inédite, en participant à combler le fossé, alors important, entre les cultures asiatiques et nord-américaines. Au travers de ses choix éditoriaux, il a permis la reconnaissance de nombreux artistes et phénomènes émergents, en conservant un regard aussi critique que curieux.

Giant Robot
Eric Nakamura
Giant Robot Instagram

Image de couverture © Takashi Murakami, 727×777 (2016)

Un focus sur la pop culture asiatique

Dans les années 1990 et 2000, alors que les médias de masse aux États-Unis offraient peu de visibilité à la culture asiatique, Giant Robot a donc joué un rôle précurseur en introduisant le public occidental à des phénomènes tels que :

le cinéma asiatique : des réalisateurs comme Wong Kar-wai, Takeshi Kitano ou Hayao Miyazaki ont bénéficié d’une attention accrue grâce au magazine.

les artistes japonais : Giant Robot a présenté des artistes comme Takashi Murakami ou Yoshitomo Nara, bien avant qu’ils ne deviennent des figures majeures du marché de l’art contemporain mondial.

la mode et les jouets de collection : le magazine a mis en avant des tendances comme les kaiju (figurines de monstres), les jouets de designers, le design, mais aussi la mode de rue asiatique.

La cuisine : bien avant l’explosion mondiale de la gastronomie asiatique, Giant Robot explorait des mets tels le ramen, le boba, ou des saveurs méconnues des cuisines chinoises, coréennes et japonaises.

Impact culturel

En 2003, le magazine était disponible sur l’ensemble du territoire américain, par le biais de chaînes de magasins spécialisés dans la distribution de produits culturels comme Barnes & Noble, Tower Records, Virgin Store et Borders. En 2004, son tirage atteignait le chiffre de 60 000 exemplaires, annuellement.

Bien que le magazine ait cessé de paraître en 2011, son esprit aura perduré au travers d’autres initiatives, dont une série de magasins en Californie et dans l’East-Village new-yorkais. Eric Nakamura a depuis fondé les galeries d’art Giant Robot Store et GR2 à Los Angeles, deux espaces consacrés aux artistes, tant émergents qu’établis, de la diaspora asiatique.

Le magazine Giant Robot restera un exemple de la manière dont un média indépendant peut dynamiter les frontières culturelles et offrir de nouvelles perspectives sur le monde. En rapprochant les cultures asiatique et américaine, il a contribué à enrichir la pop culture mondiale et favorisé l’émergence d’une nouvelle génération de passionnés.

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